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Météo : l’été 2021 était-il vraiment hors normes ?

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Cet été 2021 s’achève et même si ce mois de septembre a quelques allures d’été indien, cette période qui rime d’habitude avec soleil, beau temps, vacances, piscine, terrasse et barbecue entre amis a laissé un goût amer à beaucoup de personnes et a même entraîné de véritables désastres pour certains. Un ciel plombé, des pluies torrentielles, des températures d’automne, le manque de lumière ont définitivement classé cette « belle saison 2021 » parmi les étés maussades. Mais qu’en est-il réellement ? L’été était-il hors normes ? Quel est l’impact potentiel de telles conditions sur l’aviation ? Eclairage avec Wim Bladt, expert météo chez skeyes.

Est-ce que les conditions météo que nous avons connues cet été peuvent être qualifiées d’exceptionnelles ou étaient-elles dans les normes ?

Nous ne pouvons pas simplement affirmer que les conditions météo de cet été 2021 ont été exceptionnelles. Il faut en effet tenir compte de différents paramètres comme la durée prise en considération – 1 jour, 1 semaine, 1mois… - et la localisation. Dès lors, un phénomène météo peut être exceptionnel sur 1 jour, mais plus sur 1 mois. Nous pouvons par exemple avoir une température extrême sur 2 ou 3 jours, mais avec  une valeur moyenne de saison  dans les normes. La localisation joue aussi un rôle, le temps peut être normal à la côte et être exceptionnel en Ardenne.

Si nous considérons l’été 2021 (de juin à août), nous constatons que tous les paramètres ne sont pas exceptionnels. La température moyenne a bien été plus basse que la normale, mais pas dans des mesures excessives. De même, le nombre de jours d’orage est resté dans la norme.

L’été 2021 a ainsi été l’un des plus humides – et même le plus humide – jamais enregistré à Uccle.

Par contre, un paramètre a attiré particulièrement notre attention : la quantité de précipitations. L’été 2021 a ainsi été l’un des plus humides – et même le plus humide – jamais enregistré à Uccle. Mais là encore, il y a des disparités importantes selon les régions du pays : les provinces de Flandre Occidentale et Orientale ainsi qu’Anvers ont connu des quantités de pluie dans les normes, alors que les autres régions ont subi des précipitations bien plus importantes que d’habitude.

On pense bien sûr à ces journées du 14 et 15 juillet qui ont entraîné des conséquences dramatiques dans notre pays. En cause : une dépression stationnaire centrée au-dessus de l’Allemagne avec une « occlusion » très active. Une occlusion est un stade dans la vie d’une dépression. Elle se forme par la rencontre d’une masse d’air froid et d’une masse d’air chaud où cette dernière est poussée en altitude et y reste coincée. C’est cette occlusion qui a entraîné ces quantités de précipitations exceptionnelles le 14 juillet sur les provinces de Liège, de Luxembourg, d’une partie de Namur et du Hainaut. Le 15 juillet, l’occlusion s’est déplacée vers le centre du pays avec d’importantes précipitations mais toutefois moindres que celles de la veille. La partie du pays située à l’ouest de la Dendre et l’Escaut (soit environ à mi-chemin entre Bruxelles et Gand NDLR) n’a quasiment pas eu de précipitations. Cela démontre encore une fois que le temps ne peut pas être simplement considéré comme exceptionnel pour l'ensemble du pays. Pour certains endroits, c'était le cas, pour d'autres non.

Cette météo qui a donc été exceptionnelle par endroit a-t-elle eu un impact sur le trafic aérien, notamment à l’aéroport de Liège ?

Les 14 et 15 juillet ont été particuliers pour l’aéroport de Liège en effet. En plus de la quantité de précipitations, une très mauvaise visibilité et une couverture nuageuse très basse ont été observées. Ces trois paramètres ont bien sûr tous un impact sur le trafic aérien. La mauvaise visibilité et la couverture nuageuse réduisent la capacité de l’aéroport pour l’aviation commerciale tandis que pour l’aviation générale - avec les vols à vue - toute activité est restée impossible durant ces journées. Il en va de même pour les hélicoptères qui ont dû rester au sol dans la région. Il peut également arriver que la quantité de précipitations soit telle que l’eau n’arrive pas à être évacuée des pistes à temps.

Des prévisions météo fiables sont donc capitales tant pour les usagers de l’espace aérien que pour les contrôleurs aériens qui peuvent mieux anticiper et se préparer à ces différents phénomènes.

Pour quelle (s) raison (s) est-il si important de disposer de prévisions météo fiables et précises pour la sécurité aérienne ?

De nombreux paramètres météorologiques peuvent avoir une influence sur la sécurité aérienne. On pense tout d’abord aux orages, à la brume, à la neige, à la pluie, à la hauteur de la couverture nuageuse, mais les rafales par exemple peuvent aussi se révéler dangereuses. A côté de cela, il y a aussi des phénomènes auxquels le grand public pense moins, comme les turbulences ou le givre sur la carlingue et les ailes des avions. Toutes ces données météo sont essentielles à la sécurité du trafic aérien.

Mais les prévisions météo ont aussi leur importance pour l’efficacité du trafic aérien et la capacité. La météo est en effet le facteur le plus influent dans les causes de retard ATFM (le retard inhérent au trafic aérien – NDLR) aux aéroports. Des prévisions météo fiables sont donc capitales tant pour les usagers de l’espace aérien que pour les contrôleurs aériens qui peuvent mieux anticiper et se préparer à ces différents phénomènes.

Quelles sont les données météo  les plus importantes pour les pilotes ?

Pour le trafic en survol, les paramètres les plus importants pour les pilotes sont les turbulences, le givrage et la prévision des orages ainsi que les niveaux de vols auxquels ces phénomènes surviennent. Pour un pilote qui partirait d’un aéroport belge ou le quitterait, ce sont le vent, les conditions de visibilité, la couverture nuageuse, la pression atmosphérique et les phénomènes météorologiques qui sont les plus importants. Suivant le type d’avion, ces paramètres peuvent avoir une influence différente.

Note-t-on des changements dans les courants de l’atmosphère utilisés par l’aviation, comme le courant-jet, comme cela est suspecté aussi pour les courants océaniques ?

L’atmosphère terrestre recherche toujours un équilibre énergétique. Pour atteindre cet équilibre, un échange est nécessaire des régions chaudes vers les régions froides. Un courant-jet est un fort courant d'air qui serpente à la frontière entre les zones atmosphériques plus chaudes et les zones plus froides. Les différences de températures entre ces zones chaudes et froides étant plus importantes en hiver qu’en été, ces courants sont également plus forts durant la saison froide.

Le réchauffement climatique peut avoir une influence sur la balance énergétique générale de la Terre et donc aussi sur ces courants jet. Nous savons que le climat se réchauffe plus rapidement aux pôles que partout ailleurs sur la planète. Ce changement aux pôles signifie que la différence entre les zones chaudes et froides s’amenuise et il n’est pas impensable que les courants jet s’affaiblissent en conséquence.

Dans une situation normale, les méandres formés par les courants jet se déplacent, mais parfois il arrive qu’ils restent stationnaires avec comme conséquence que certaines parties de la terre restent sous l’influence d’air chaud et d’autres sous l’influence d’air froid.  C’est pourquoi, on enregistre plus d’épisodes froids et humides et aussi plus d’épisodes chauds et secs qui s’étalent plus longuement dans le temps, en conséquence de ces « blocages ». Ce n’est cependant pas évident de prédire quelle sera l’influence du réchauffement climatique sur les courants jet et sur de tels blocages, mais certaines études scientifiques pointent ces affaiblissements des courants jet et l’augmentation de ces blocages comme conséquence du réchauffement climatique. Ce scénario signifierait que nous serions confrontés plus souvent à de longues périodes de canicules et de sécheresse mais aussi à de longues périodes sombres, froides et humides.

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